DéchetteriePrésentation et historiqueLe biotope déchetterie connaît aujourd'hui un succès grandissant tant chez les aquariophiles classiques que chez les aquariophiles "alternatifs".
Il vise à reproduire chez soi ce petit bout de nature si répandu de par le monde : le tas d'ordure.
Il s'agit probablement du biotope le plus authentiquement humain et il est compréhensible que l'on cherche de nos jours à se le réapproprier.
La déchetterie est très ancienne et concomitante de l'apparition du genre homo sur notre planète. Les archéologues trouvent des traces de ce biotope remontant à 4 millions d'années et il n'est pas impossible qu'il en existe de plus anciennes.
Figure 1 : déchetterie primitive – Saint Genoux.
Nous notons une remarquable évolution de ce biotope au fil des âges : de simples tas de détritus un peu frustes, il s'est peu à peu développé jusqu'à occuper de nos jours de très vastes surfaces aux essences extraordinairement variées.
Figure 2 : déchetterie de Mexico city – 2005
Présent sous toutes les latitudes, il offre cependant un certain nombre de traits caractéristiques : proximité de l'habitat humain, peuplement animal relativement homogène (espèces endémiques), toxicité importante. Il est donc relativement aisé de le reproduire chez soi à faible coût.
Les différents bacsBien que regroupés sous l'appellation générique de "déchetterie", l'amateur peut distinguer plusieurs milieux ou "sous-biotopes" ou "biotopes spécifiques" (la liste qui suit n'est évidement pas exhaustive) :
1- déchets verts
Figure 3 : bac déchets verts – Aldebert Carcasse – Dijon
Ce biotope, relativement complexe est essentiellement constitué de débris végétaux. Bien qu'il offre une assez faible diversité de formes et de coloris, il présente par contre un remarquable taux de fermentation, des fragrances entêtantes et une micro faune particulièrement abondante. Sa toxicité reste cependant trop faible aux dires de certains. Un éclairage puissant et une température élevée seront indispensables (voir plus loin).
2- monospécifique
Il faut entendre par là que ces bacs sont constitués d'un seul type de déchet. La faune associée peut cependant être très variée.
On pourra, selon ses goûts et ses possibilités techniques et financières, s'orienter vers un bac "verre", "composants électroniques", "métaux", "produits toxiques (bac dit Seveso)", etc.
Nous voyons ci-dessous un magnifique exemple de bac "métaux non ferreux" avec compression :
Figure 4 : bac métaux – collection César
3- nature
A la limite du biotope déchetterie selon les puristes, il consiste à mélanger les déchets à un environnement exempt de déchets.
Bac à recommander aux débutants qui ne maîtrisent pas encore bien l'équilibre subtil d'une déchetterie.
Figure 5 : bac nature – parc naturel de la Vanoise.
4- Amanoïde
Probablement le plus beau type de bac. Il s'agit de réaliser un biotope déchetterie très complet et varié tout en travaillant le hardscape et l'éclairage pour obtenir un résultat équilibré biologiquement, en harmonie avec l'environnement et visuellement attractif. Comme un tableau de maître. On parle de "nature pourrie" en référence aux natures mortes.
Figure 6 : "après l'amour" – Takashi Mekano
L'aquarium1- la cuve
Tout récipient fera l'affaire. Cependant, en fonction des choix, il pourra être nécessaire de prévoir une enceinte de confinement résistante aux produits toxiques (dioxine, acides moléculaires, etc.), aux impacts, aux radiations, voire à l'ensemble pour les plus audacieux. Une VMC ou, mieux, une hotte à flux laminaire sera disposée au-dessus de la cuve.
2- filtration
Comme le dit Olivier Quenotte : "surtout pas de filtration, faut que ça fermente !". Tout est dit. Le seul filtre qui entre dans un bac déchetterie est celui que l'on trouve dans un mégot de cigarette.
3- éclairage
Afin d'augmenter la fermentation et de bien faire ressortir les couleurs chatoyantes des déchets, un éclairage puissant devra être mis en place. Un minimum de 7 500 lumen/m² est nécessaire pour la plupart des cas. On associera des tubes basse température (T < 3 000 K) pour accélérer la fermentation à des tubes haute température (T > 10 000 K) ou supra actiniques pour le rendu. Des tubes de type "lumière noire" permettent de distinguer les nappes de gaz lourds la nuit pour la plus grande joie des amateurs.
4- paramètres
La plupart des bac (à l'exception de certains bacs "produits toxiques") devra respecter les paramètres suivants :
- PH < 2,5
- T >35° C
- NO3 > 500 mg/l
Pour les autres composants (métaux, composés volatils, etc.), il est recommandé d'impacter au minimum les valeurs seuil pour usage non sensible telles que décrites dans le document : Gestion des sites potentiellement pollués.
5- population (sur)vivante
Bien que le peuplement d'un bac biotope déchetterie se fasse généralement spontanément, l'amateur ne peut décemment passer à côté des espèces phares de cet environnement :
Figure 7 : Rat commun
Figure 8 : Blattes
Figure 9 : Cafards
Figure 10 : Mouches
Figure 11 : Poissons morts
Il existe pour chaque espèce des variétés mutantes extrêmement intéressantes, souvent très colorées, voire phosphorescentes que l'on privilégiera.
En guise de conclusion à ce bref article de présentation, je vous invite à vous précipiter sur vos poubelles. Bientôt, peut être, vous pourrez vous lancer dans des projets ambitieux : biotope déchets médicaux ou reproduction de porcs fluorescents à 6 pattes…
LaDenrée.
Bibliographie :
[1] directive européenne du 5 avril 2006 relative aux déchets
[2] code de l'environnement – art. 4-541-1
[3] décret n° 2002-540 du 18 avril 2002 relatif à la classification des déchets
[4]gestion des sites (potentiellement) pollués – BRGM éditions – mars 2000